samedi 20 septembre 2014

Exercices de style...

Bonjour à tous! 

Je reviens ici après une longue (looooongue) période d'absence, les petits nouveaux semblant entrer petit à petit en concurrence féroce avec nos pauvres vétérans du grenier.
Pas de panique, on n'a encore pas fini de parler classiques, c'est promis!


Je suis donc de retour avec une oeuvre dont je voulais vous parler depuis très longtemps, je prend ENFIN le temps de le faire. 

On va se plonger pendant un court instant dans l'univers de l'OULIPO. Ce terme vous dit quelque chose? Si non, on va tenter de remettre un peu les pendules à l'heure si vous le voulez bien. 
Alors l'OULIPO c'est l'OUvroir de LIttérature POtentielle. 
NB: Ce n'est PAS un courant littéraire. 

On date l'officialisation du groupe aux alentours de novembre 1960. Il est fondé par François le Lionnais et Raymond Queneau. Voilà pour une contextualisation brève. Passons au but, aux objectifs de ce groupe atypique. Composé d'écrivains, mais aussi de mathématiciens, L'OULIPO se propose de travailler sur la littérature. La retourner dans tous les sens, travailler les mots, le style, examiner, décortiquer, regarder sous tous les angles cette littérature trop vague. Regarder sous tous les angles, c'est-à-dire même l'angle le plus scientifique, technique. 
Les oulipiens se définissent eux-même comme des "rats qui construisent eux-même le labyrinthe dont ils se proposent de sortir". 
Pour expliquer de manière simple, le principe est d'écrire sous la contrainte. Toutes les incitations sont bonnes à prendre. Le but, dépasser ces contraintes, et les utiliser non pas comme barrière, mais comme moteur pour libérer toutes les possibilités de la littérature. 

Si c'est encore un peu flou, je vais simplement vous parler du livre qui fait l'objet de cet article comme cela était prévu, et tout deviendra limpide. Nul doute qu'après cela, vous deviendrez oulipien à votre tour et dévorerez avec délectation ces exercices littéraires, et pourquoi pas vous essayer vous-même à l'exercice de l'écriture sous la contrainte (mais jamais contraignante!) 


Les Exercices de Style sont les résultats d'une expérimentation de Raymond Queneau lui-même.

Le livre paraît en 1947 et raconte... 99 fois de suite la même histoire, racontée de 99 manières différentes: J'opte ici pour la 100e version, la mienne sans prétention et sans contrainte pour ne pas gâcher votre surprise à la vue du talent de Queneau ;)

[Le narrateur monte dans un bus. Il y repère un homme au long cou, coiffé d'un chapeau mou orné d'une tresse. Ledit personnage au long cou semble échanger des mots assez virulents avec un autre passager, puis se dirige vers une place libre pour s'y asseoir. Un peu plus tard, le même narrateur recroise le même homme au même long cou qui s'entretient cette fois avec un ami qui lui conseille de remonter le bouton de son pardessus. ]

Je sais ce que vous pensez arrivés là: rien de palpitant, cette histoire a l'air d'être d'un ennui phénoménal. Peu importe, ce n'est pas l'histoire qui compte. On ne parle effectivement pas ici de Littérature, mais de Littérature Potentielle. Le but n'est pas de ravir le lecteur d'une bien chouette histoire comme on en voit partout. Le but est de malmener cette histoire et de montrer au lecteur comment, en changeant la façon de raconter, un même épisode totalement inintéressant peu changer, s'étoffer au fil des versions, gagner en mystère etc...

Queneau va donc raconter 99 fois cette même histoire, mais sous des contraintes différentes à chaque fois. Contraintes parmi lesquelles:

- Une écriture onirique qui plonge le lecteur, non pas dans une scène réelle mais dans son équivalent chez Morphée,

- Une version seulement faite d'onomatopées

Et bien d'autres dont la version "moi je", l'interrogatoire, les métaphores, les litotes, la lettre officielle, les anagrammes etc... 

Je conseille ce grand classique qui se lit très facilement, grâce à la brièveté de l'histoire. On n'est pas obligé de le lire d'une traite comme un roman et c'est tout l’intérêt. Libre à nous de piocher un exercice au hasard pendant une pause, un trajet de bus (histoire de se mettre dans l'ambiance). 
On peut même pourquoi pas s'essayer aux exercices qui nous inspirent sur une histoire de notre création ou pré-existante. 
Pour une fois qu'il est facile de briller dans les salons avec un grand classique qui se veut savant! ;)
On n'a même pas forcément besoin de lire la totalité des histoires pour se faire une idée du livre, même si je trouve que l'on se prend assez vite au jeu, et les 99 histoires passent assez vite si on ne les lit pas toutes à la fois ( gare à l'overdose de mec au chapeau mou dans le bus... c'est court et ça prend vite la tête.. faire gaffe aux insomnies POtentielles dues à la répétition éternelle du même refrain ;) )

Voilà.... que dire de plus à part... A vos exercices!!! 
Je prend soin de vous, je mâche le travail pour mes lecteurs alors.... pas d'excuse!!! 

1 commentaire: